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Le mot qui fait peur...

  • mercionvabien
  • 15 juil. 2024
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juin

Chaque discrimination a son histoire, sa construction, ses caractéristiques, ...

Ce qui lie les différentes discriminations est le fait qu’elles sont orchestrées pour préserver un système de domination, pour protéger les dominants, les prémunir de perdre le contrôle. Et pour cela, différents outils existent. Parmi d’autres, le système législatif est un bon moyen de laisser dans l’illégalité une partie de la population, souvenons-nous de l’époque où les femmes n’avaient pas le droit de vote, où les personnes noires aux Etats-Unis n’avaient pas de droits civiques, où l’homosexualité était pénalisée. Un autre outil qui a toujours été du côté des dominants c’est la médecine. Et en regardant le très bon documentaire sur les émeutes de Stonewall sur le site d'Arte, qui montrait les campagnes horribles contre l'homosexualité dans les années 60 aux USA, un argument m’a frappé, argument qui était utilisé à l'époque et qui parlait de l'homosexualité comme d'une épidémie, qu'il fallait endiguer par différents traitements et chirurgie.

Je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec l'expression "épidémie d'obésité" partie d'un graphique malhonnête de la fin des années 90 de William Dietz, médecin au CDC (le centre de contrôle des maladies aux États-Unis) qui faisait de l’obésité une question morale et son combat et qui voulait à tout prix convaincre le corps médical qui ne s’intéressait alors pas particulièrement à l’obésité*. Dietz eu l’idée de présenter les chiffres de l’obésité, plutôt qu’à travers les graphiques habituels qui auraient montré une légère augmentation du poids, comme celle de la taille à la même époque d’ailleurs, à travers un diaporama cauchemardesque montrant sur la carte des États-Unis, les états passaient de blanc, à bleu, à rouge. Le code couleur dramatique que l’on retrouve sur toutes les cartes du monde quand on veut montrer une augmentation dramatique d’une donnée quelle qu’elle soit. Dietz est parti des chiffres des années 80, avec une carte à moitié blanche, les états en blanc étant ceux qui n’avaient simplement pas récupéré de données sur l’obésité. Et il a fait défiler son diaporama, dévoilant à chaque page une nouvelle carte avec les chiffres annuels, les cartes passant alors du blanc, au bleu clair, au bleu foncé puis au rouge.

 

Un peu comme sur cette infographie qu’on trouve encore facilement sur google image quand on tape « épidémie d’obésité » et qui est issue du site du CDC.

 


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Il faut regarder ces cartes en se souvenant qu’une prise de poids de quelques kilos vous fait passer de la catégorie surpoids à obèse sans aucune incidence sur la santé.

 

Mais forcément quand on voit des cartes en rouge, ça sent le danger. Dietz a réussi à atteindre son but. Il a fait peur. Il a convaincu ses confrères et consœurs. Il ne lui restait plus qu’à poursuivre son lobbying auprès de l’OMS (Organisation mondiale de la santé).

 

Axël

Juillet 2024


 

* épisode relaté dans Fat Politics de J. Eric Oliver qui a interviewé William Dietz pour son livre, et repris dans le livre Anti-Diet de Christy Harrison qui existe en français, et dans Corps rebelle de Gabrielle Lisa Collard.



 
 
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